posté le 06-06-2011 à 19:02:04
Extraits d'une critique
En jouant DOM JUAN, les treize acteurs de la Comédie La Mansonnière nous ont offert un très beau moment de théâtre au service de l’écriture et de la pensée de Molière. Contemporanéité sidérante de la tragi-comédie du maître. Les duels verbaux entre le valet et son maître nous font sourire et rire au moment où la tragédie devrait nous arracher des larmes. Pas de temps mort, le rythme enlevé de l’interprétation maintient sans faillir l’attention du spectateur.
De tous les acteurs, le valet, Sganarelle, se démarque. Sa voix puissante habite la scène donnant au personnage une véritable présence physique. « Quel homme ! Mais quel homme ! ». (...)
L’excellence de la mise en scène est à souligner. Mise en scène à la fois sobre et baroque. Ce paradoxe est le reflet de la pièce toute en mesure et démesure et du personnage de Dom Juan, noir, mais pas si noir que ça. Baroque du clair-obscur. Sobriété dans les coloris des costumes. Tout au long de la pièce, le décor noir et blanc est animé par le leitmotiv du voile ; Charlotte transforme la scène en jetant avec grâce et ingénuité les voiles blancs sur deux cordes tendues. Les statues voilées de blanc, se dévoilent, puis de nouveau se voilent de noir ; au tour des acteurs, pétrifiés à la mort de Dom Juan, d’être voilés.
De très bonnes idées - les deux muses voulues par le metteur en scène permettent le va et vient des accessoires et le jeu des voiles en silence et en douceur, l’entrée en scène des personnages défilant comme le générique d’un film, la voix off venant du ciel, et le beau travail de mime de la statue du commandeur impressionnant sous son maquillage blanc.
Annick Chantrel Leluc - Parole, Caracole et Compagnies - 1er juin 2011